Tir de combat au fusil d’assaut - Publié en 2003
Préface de Roger Swaelens (American Small Arms Academy, European Branch)
Il y a vingt ans déjà, que paraissait chez Paladin Press "The Combat Rifle" de Chuck
Taylor. Cet ouvrage, devenu immédiatement un classique, allait influencer tous les
développements ultérieurs des études sur les armes légères.
Les écrits de Chuck Taylor ont directement influencé "Tir de combat au F ass 90" paru
il y a une dizaine d'années, puis les premiers règlements de la nouvelle technique de
tir de combat (NTTC) de l'armée suisse dès le milieu des années 90.
"Tir de combat au fusil d'assaut" s'inscrit dans cette continuité en faisant le point
des connaissances du tir de combat au fusil d'assaut au début du XXIème siècle.
Il n'est toutefois pas un "copier-coller" d'autres publications.
L'auteur a une approche du fusil d'assaut que d'aucuns qualifieront d'iconoclaste.
A rebours du "mainstream", loin de hurler avec la meute, Philippe Perotti prône
essentiellement un tir au coup par coup ajusté, y compris à très courte distance.
Le tir en rafales n'est pas sa préoccupation principale. Le touché s'obtient à
l'ancienne, "A bonne mire, bon tir !".
Mais c'est dans le domaine de la formation de base que se situent les principales
innovations. Pendant près de quarante ans, l'instruction moderne aux armes a été
divisée en niveaux (base, intermédiaire, avancé, niveau 1, 2, 3, etc.). Ce système
est en soi louable, car il permet de structurer clairement l'instruction. Par contre,
un de ses effets induits est d'encourager la "diplômite". En effet, les termes "avancé",
ou "3" sous-entendent que les niveaux précédents sont incomplets. Les tireurs tendent
souvent à passer des niveaux supplémentaires pour des motifs de satisfaction
personnelle. En fait, le facteur de réussite à l'engagement ne dépend pas d'un
titre ou d'un test réussi, mais bien plutôt de la compréhension et de l'application
des principes de combat, et de l'anticipation des actions de l'adversaire.
Un exemple classique de l'école de pensée par niveaux est l'importance apportée à
la vitesse de tir, avec des temps de plus en plus réduits pour les mêmes exercices
dans les niveaux intermédiaires et avancés. En fait, le facteur principal de succès
n'est pas de tirer plus vite, mais de tirer avant l'adversaire, et avec davantage de
précision. Celui qui bénéficie de l'effet de surprise et d'une instruction raisonnable
battra à chaque fois son adversaire rapide mais réactif.
Philippe Perotti est à ma connaissance le seul qui prône un système modulaire. Cette
réflexion part de l'idée que l'instruction au tir n'est pas infinie, et que passé un
certain stade, il vaut mieux étudier d'autres matières. La tactique est plus importante
que le chronomètre.
Son instruction de base est limitée aux besoins immédiats. Pour prendre un terme
militaire suisse, on pourrait la qualifier "d'instruction d'urgence". Ce terme
désignait au temps de la guerre froide le module de rafraîchissement de l'instruction
de base générale dispensée rapidement et avec des moyens réduits dans les premières
heures d'une mobilisation, le but étant d'atteindre rapidement un premier degré
d'aptitude opérationnelle.
En fait, ce besoin d'une "première couche" existe dans toutes les armées, qu'elles
soient issues de la conscription ou professionnelles. Le métier de soldat nécessite
en effet un apprentissage de plusieurs années, et un approfondissement constant des
connaissances. "Tir de combat au Fusil d'assaut" propose à juste titre plusieurs
niveaux de lecture en vue de cette amélioration.
Ses modules de "tir offensif" et de "tir défensif" sont si profondément originaux et
complets qu'ils seront adoptés par l'armée suisse pour les développements de la NTTC
dans le projet "Armée XXI".
A l'heure où l'armée belge et l'armée française font appel aux instructeurs de tir
suisses pour le développement d'un système de tir intégré moderne, c'est un juste
retour des choses qu'un expert français nous montre le chemin.
Qu'il en soit remercié...